Humain Nom complet - Rose pour un enfant délicat, Rose pour l'oxymore d'un visage dur et d'un prénom pur. L'angelle d'un patronyme éternel aux relents de Louisiane. Naissance, âge - Nouvelle-Orléans, la ville qu'il n'a jamais quitté. Origines - Françaises si on remonte assez loin. Lui n'est que le fruit des marécages et des colliers de perles. Occupation - Employé dans le drive-through le moins populaire du coin, puis paye les soins de sa mère en conduisant ceux trop cons pour commander un taxi. Coeur - Célibataire, attirance déjà dictée qu'il n'ose pas questionner. Monnaie - Modestie qui s'améliore en début de mois. Famille - Sa douce mère à jamais apathique dans sa chambre d'hôpital. Le paternel qui boit plus qu'il ne vit. Les cicatrices témoignent d'une cruauté lasse. Des dégâts permanents qui font siffler ses oreilles et détruisent ses pensées, souvenir d'un accident qui a détruit leur famille. Habitation - Un cagibi qu'il appelle "appartement", et dont le sol tremble jusqu'à la fermeture des bars alentours. Avatar - Gerald Earl Gillum Crédit - SCARFACE.

Till hunger clung them   SOLO RIDE UNTIL I DIE Son ouïe a été emportée en même temps que la conscience de sa mère. Il n'entend plus que ce sifflement incessant, celui qui lui fait grincer des dents et hurler de terreur. Un son constant, douleur lancinante qui détruit ses tympans. Imitation de normalité quand il recharge ses appareils auditifs ; pourtant la musique reste un brouhaha insupportable, la magie de la Nouvelle-Orléans et de son jazz à jamais perdue. + Langue nouée, la peur de buter sur les mots et de se rendre ridicule ; il ne parle pas beaucoup, marmonne et se perd dans ses propos. Garçon confus au regard fuyant, sarcasme rendu hésitant, timide. + Une obsession pour la vitesse et le danger. L'adrénaline qui fait battre son cœur, lui donne cette illusion ; celle d'être comblé, toujours attaché à la vie. Un mensonge qu'il se répète tous les jours, justification pour sa lâcheté, celle qui l'empêche de tout abandonner et le force à respirer malgré le poids qui pèse sur sa poitrine. + L'insomnie qui le fait hanter les rues sombres de la Nouvelle-Orléans. Témoin des pires frasques de l'Homme, de son obsession pour l’obscène. Le sceptique justifie ses visions, emploie la logique et l'étire pour expliquer l'inexplicable. Il ne croit en rien si ce n'est en la certitude que tous les corps pourrissent une fois enterrés. + Cigarette sur cigarette, poumons niqués par le goudron. Il tousse, crache sa fumée et empeste ses draps. Une odeur qui le suit, lui colle à la peau et le définit. Lèvres fines qui pincent un filtre inutile ; espoir d'une fin accélérée par une mauvaise habitude. + La peur des autres le tétanise. Un mépris qu'il entretient, nourrit de jalousie et d'envie - les sourires distribués comme s'ils ne valaient rien, les plaintes futiles qui s'écoulent de leurs lèvres. Il veut les faire taire, choisit de les ignorer et de les fuir. Êtres qui traversent les années en rayonnant de bonheur quand lui contemple toujours la lame de son rasoir.

"Désolée maman, j'ai pas eu le courage de porter mes appareils aujourd'hui. Je sais que papa a travaillé dur pour me les offrir, mais la musique est devenue un fardeau et la ville est toujours animée. Ce n'est pas comme si tu allais me répondre de toute manière." Poupée immobile, cligne faiblement les yeux. "Il a recommencé à boire, tu sais. N'a jamais vraiment arrêté depuis l'accident. Ironique quand on sait que l'autre chauffeur était saoul. Je pense qu'il aurait préféré être à ta place. Tu lui as brisé le cœur." Pause lourde de sens, mais le visage de la femme reste inchangé, comme figé dans le temps. Il détourne le regard, ne supporte plus cette vision. "Je pense que je vais arrêter de venir. Te voir comme ça me donne envie de m'exploser le crâne."

Souvenirs de lumières rouges et bleues - tout résonne, sons étouffés par un sifflement qui disparaît à son tour pour laisser place au silence. Il crie, hurle, ne peut pas entendre ses propres appels à l'aide. Un homme en uniforme se saisit de lui, l'aide à s'échapper de la carcasse d'une voiture ruinée. Il continue à crier. Sa gorge lui fait mal - il sent sa voix dérailler, remarque que les lèvres du sauveteur remuent mais qu'aucun mot ne s'échappe de ses lèvres. La sirène est un faible écho, même quand il est déposé sur une civière et emporté par l'ambulance. Ses parents ne sont pas avec lui. Souvenirs d'un pare-brise tâché de sang, des larmes de son père qui se bat pour garder sa femme éveillée. Le gamin a été épargné par le cauchemar, assis à l'arrière de la voiture et protégé de l'impact par sa ceinture. On l'endort pour s'épargner son hystérie et pour la première fois, Rose a peur du noir. Le sommeil l'engloutit sans qu'il ne puisse rien y faire, et il confond réalité et cauchemars.

Quand il se réveille, une infirmière tente d'apaiser sa panique. Elle décrit l'accident, marqueur sur un tableau blanc et il apprend que plus jamais il n'entendra. La perte d'un sens est moindre quand il apprend que dans la chambre voisine, sa mère n'a laissé que l'enveloppe d'une personnalité. Coquille vide qui ne parvient même pas à se nourrir seule. Une perte qui n'en est pas vraiment une mais qui lui fait tout aussi mal. Gamin privé de famille et de musique ; plus jamais il n'écoutera sa mère chanter, plus jamais il ne sera témoin de ses sourires. Il sera condamné à détailler son visage rongé par la vieillesse et la tristesse des hôpitaux. Il ferme les yeux et prie pour ne plus jamais avoir à les ouvrir.


Le piano reste silencieux sous ses doigts. Les appareils sont éteints, logés au creux de ses oreilles. Son père se balance au rythme de la musique, ignore les fausses notes glissées dans la partition. Il vide le contenu d'un verre en cristal et Rose lit les paroles sur ses lèvres. Quand le morceau se termine enfin, l'homme abandonne sa boisson pour signer à son fils. "Encore." Rose hoche la tête, presse l'ivoire de l'instrument. Il se demande s'il y a beaucoup d'erreurs dans sa chanson, se demande si elle rappelle beaucoup de choses au paternel, emporté par la nostalgie et le goût de l'alcool. Ses yeux restent secs malgré la boule qui se forme dans sa gorge. Il ose, glisse une main derrière son oreille pour faire glisser la molette et restaurer son ouïe. Chaque note est une torture ; la qualité d'une machinerie qui n'appréhende pas encore la complexité de la musique. Il ignore les bruits déformés par des tympans artificiels, tente de reconnaître la douceur des cordes pincées dans le corps du piano. Il se sent vide, se sent triste, se sent lasse. Il n'a plus rien, ne veut plus retrouver ce qu'il a perdu. Il se complet dans son malheur, espère que chaque année lui vole un peu plus de temps jusqu'à ne laisser derrière elle qu'une carcasse. Il joue plusieurs heures, jusqu'à ce que son père, bercé par le rhum, ne s'endorme sur le fauteuil. L'homme est vieux et usé, tout aussi désireux de quitter cette terre que son fils. Pourtant il continue de se battre et Rose ne peut qu'admirer son courage. Il range la bouteille vide, quitte la maison familiale pour retrouver les ruelles de la Nouvelle-Orléans, bruyante et lumineuse, les rires perdus dans les relents de Jazz qu'il ne discerne plus.





Âge - 21 ans Présence - tous les jours tmtc Personnage - inventé Dernier mot -  

Tu as vraiment une plume magique. Le choix des mots, le rythme du texte, tout est parfait   Et ton personnage est touchant sans tomber dans le mélodramatique. On a encore beaucoup à découvrir à son sujet et ça a l'air d'être une mine d'or   Je veux absolument un lien  

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