hello darkness, my old friend

x. la musique comme expression. durant plus de dix ans, il n'a ouvert les lèvres, n'a entrouvert son âme que pour chanter, ses doigts dansant sur un piano, ou maîtrisant l'archer contre des cordes. cette beauté sonore, préférable aux cris de la nuit et du temps, l'a toujours fasciné. la musique des autres, la sienne, aussi bien que le silence quand il se fait vent, ouragan, animal. il y a quelque chose de vital, de précieux dans ces moments solitaires ou publics, où il a donné de sa voix pluriséculaire, de son timbre rauque et grave. il a toujours trouvé une sensualité débordante aux notes, et si il a perdu l'habitude à présent de caresser les dents d'ivoire et d'ombre, il le regrette quelque peu. x. l'héritage perdu, le nom dépossédé. il est souvent furieux à l'idée que ses enfants n'aient pas survécu, que son nom ne se soit pas fait une place parmi les vivants. il en veut, stupidement, à la femme qui a été la sienne quand son palpitant connaissait encore la musique des vivants. elle n'est plus, à présent, oubliée, même pas aimée. mariage forcé, comme à l'époque c'était l'habitude. il est triste de ne pouvoir enfanter, mais son besoin paternel ne l'a jamais poussé à créer d'autres longs crocs, comme lui. il aurait pourtant tant aimé bercé un tout petit, dans ses bras, et partager une vie de famille. vivant. x. l'art chevillé au corps, comme des doigts qui bougent sans reconnaître le sens. son art ne le satisfait pas. ses gribouillis colorés son un exutoire qu'il détruit aussitôt fini. par le feu, par le vent, par la glace, à coups de griffes, de crocs, et de fureur. pourtant, il aime celui des autres, il chérit les artistes méconnus, et ceux dont le nom n'est plus à reconnaître. il s'est fait gardien des oeuvres humaines, pour pouvoir les admirer chaque nuit qui passera. dans sa petite tête, il est un peu le chevalier contre le temps, qui défend les symboles, de peinture et d'argile, contre les crocs infatigables de la Mort Temporelle. x. l'homme aux longs crocs, enjoué et doux, calme et attentionné. ancien romantique, grand sensible, poète, théâtral, possessif et jaloux. solitaire. amical. drôle et gamin. aime faire l'idiot, loyal et chevaleresque - stupidement chevaleresque. la soif de sang se révèle prise aux détours des rues, un petit peu par petit peu, jamais de cris, toujours avec lenteur, avec tranquillité. ses sens de prédateurs au repos, jamais il ne laisse la bête effacer son reste d'humanité. il n'a jamais aimé la politique, et si il comprend le conflit avec les banshees, il aimerait secrètement pouvoir avoir la paix avec tout ça. la guerre n'a jamais été sa joie. l'âme d'un poète, non pas d'un guerrier. il est quelqu'un de très ouvert, qui aime découvrir des choses, et déteste voir sa curiosité rejetée. il est comme un gamin qui tempête quand on lui dit non. il aime séduire, il aime avoir une présence amicale, mais garde bien des secrets, notamment sur son passé. x. celle qui l'a vampirisé a été tué il y a de cela  dix sept années humaines. il l'a aimé, comme une mère, comme la génitrice qu'il n'a jamais connue. père bûcheron, dans cette vieille angleterre, dans une Londres si différente de celle d'aujourd'hui. une mère morte en couches, uniquement connue par les souvenirs. l'amérique qui l'a attirée, encore jeune, et le métier d'écrivain public, pour fuir les conflits, pour fuir la rude vie. un mariage, des enfants, qui meurent trop vite. puis la maladie - on le sauve d'une mort certaine. on le maudit, on écrase son âme de chrétien, pour la vie éternelle. reconnaissance, quand ses deux pieds bougent sans un coeur pour palpiter. longtemps, il la suivra, cette femme aux traits grecs, aux cheveux comme la nuit, à la voix de miel, de tant de siècles son aînée, jusqu'à la lie de leur rassemblement, jusqu'à la séparation, jusqu'à l'adieu et les promesses menteuses de se revoir bientôt. sa mort l'a poussé à revenir à la Nouvelle-Orléans - c'était sa dernière volonté, à cette mère de substitution. qu'il retrouve les siens, lui le solitaire. elle voulait qu'il trouve un compagnon pour ses années, pour ne pas finir seul. il ne sait si il acceptera de nouveau de partager des siècles avec quiconque, lui qui a aimé si facilement, lui qui a si aisément pleuré les morts humaines de ses aimés, hommes ou femmes. x.  les langues aux lèvres, tant d'années pour apprendre, et une soif incommensurable pour tout ce qui l'entoure. voilà qui l'a aidé à apprendre. russe, serbe, français, polonais, allemand. il aime les sonorités si différentes, les mots qui coulent comme du vin, aux tons changeants. il aime se faire comprendre. il aime changer. il a aimé voyager, comme si toutes les nuits des pays pouvaient avoir des firmaments illusoires, des étoiles contraires. la culture est sa compagne, et il se targue d'être plutôt intelligent, intellectuel avant d'être homme d'action. il peut parfois paraître hautain, quand il explique quelque chose, qu'il forme une remarque, mais il apprécie le partage, avec quiconque est assez curieux pour vouloir apprendre de lui. x.  l'amour aux difformités, aux choses inhabituelles. c'est un homme qui a toujours été attiré par ce que la nature a fait de plus étrange. les cirques, les freak shows, les monstres, tout cela l'a souvent tenu éveillé, même quand il était encore humain. depuis qu'il est revenu à la nouvelles orléans, il s'est beaucoup penché sur sa propre race, sur les banshees également. comme si les livres, les journaux, les antiques papiers pouvaient contenir le procédé pour la paix. rêveur invétéré, qui a le plus grand défaut d'espérer.